Photographier les paysages d’hiver : un guide avancé

Le photographe Scott Antcliffe réalise son rêve d’enfant en se rendant en Islande pour immortaliser les paysages spectaculaires du pays. Il nous explique ici comment se préparer, les meilleurs réglages de l’appareil photo et les meilleures façons de photographier la neige
Enfant, je n’ai jamais eu l’occasion de voyager en raison de la situation financière de ma famille. Je dévorais chaque numéro de National Geographic Traveller et Wanderlust. Ils représentaient mon passeport vers l’inconnu, mon échappatoire. À travers leurs pages brillantes, j’ai découvert l’immensité du monde, ce qui a éveillé en moi une passion du voyage qui allait façonner mes rêves et mes ambitions pour les années à venir.
L’Islande est, pour un photographe, une toile vierge aux possibilités infinies. Les conditions météo changeantes ajoutent une part d’imprévisibilité, plongeant un paysage dans une brume éthérée ou l’inondant d’un soleil éclatant en quelques instants. Cette année, j’ai enfin pu cocher l’Islande sur ma liste de destinations de rêves. Un endroit qui, jusque-là, me semblait hors de portée. Planifier une telle aventure n’est pas une mince affaire, mais voici mes meilleurs conseils.

Préparez-vous comme un explorateur de l’Arctique
Pour réussir à photographier des paysages d’hiver, il faut d’abord se protéger des éléments. Parmi les équipements indispensables, on retrouve : des sous-vêtements thermiques, des vêtements thermiques, des gaines extérieures et pantalons étanches, un chapeau, de grosses bottes et deux ou trois paires de gants pour en avoir toujours une paire sèche à portée de main. Pensez aussi à emporter des chaufferettes chimiques pour les jours où le vent glacial traverse toutes les couches. Je trouve que les mitaines avec rabat-moufle sont particulièrement efficaces.
Matériel photo indispensable
Le Nikon Z9 combine vitesse, autofocus ultra-performant et qualité d’image incroyable. C’est un vrai plaisir de l’utiliser, quels que soient les sujets ou les styles que je photographie. Je l’utilise depuis 18 mois et j’en suis très satisfait. En Islande, j’ai utilisé les objectifs AF-S NIKKOR 24-70mm f/2.8 ED VR et AF-S NIKKOR 70-200mm f/2.8 E FL ED VR, avec l’adaptateur pour monture FTZ II.

Z9 avec AF-S NIKKOR 24-70mm f/2.8 ED VR et adaptateur pour monture FTZ II
Les trépieds sont essentiels pour garantir une image nette, en complément de déclencheurs à distance permettant d’éliminer les vibrations. Des contrepoids et votre sac d’équipement faisant office de lest apportent la stabilité nécessaire face aux vents climatiques souvent imprévisibles en Islande (ou ailleurs). J’ai utilisé mon trépied Gitzo GT2545T, solide et fiable, équipé d’une plaque à dégagement rapide, ainsi qu’un crochet pour colonne Gitzo G2020 auquel j’ai accroché un sac Selens rempli de sable islandais pour faire office de contrepoids.
Par temps de grand froid, installez votre matériel à l’abri du vent, voire à l’intérieur d’un véhicule. Heureusement, pendant mes 12 jours en Islande, le thermomètre n’est pas descendu en dessous de -9 °C. Et bien sûr, n’oubliez jamais d’emmener des accumulateurs supplémentaires. Le froid a tendance à décharger rapidement les accumulateurs, tout comme l’utilisation du viseur électronique. Il est également fortement recommandé d’utiliser une housse pour appareil photo munie de cordons, capable de couvrir l’objectif.
Emportez un jeu de filtres à densité neutre qui permettent de ralentir la vitesse d’obturation pour sublimer les mouvements de l’eau glaciale. Pour un ciel bleu éclatant et pour réduire les reflets non métalliques, rien ne vaut un bon filtre polarisant circulaire. J’utilise le kit de filtres LEE 100 Deluxe, qui comprend un filtre polarisant, un filtre à densité neutre graduée à 2, 3 et 4 IL, ainsi que le célèbre « Big Stopper » – un filtre de 10 IL que j’utilise rarement.
En savoir plus : Le guide indispensable des filtres : que faut-il utiliser pour la neige, l’eau et les effets ?

Gérer l’exposition et les défis liés à la mesure de lumière
La neige trompe souvent la cellule de mesure, ce qui entraîne une sous-exposition des éléments au centre ou au premier plan. Selon votre appareil photo et son système de mesure, vous pouvez utiliser une charte de gris neutre à 18 % pour définir une exposition plus précise, puis recadrer ou ajuster si nécessaire. Votre système de mesure peut afficher une exposition correcte, mais l’image peut être bien différente. Pour restituer le blanc immaculé de la neige, je n’hésite pas à surexposer légèrement, entre +0,7 et +1.
En revanche, cette surexposition peut parfois entraîner une légère dominante bleue sur vos images. Si vous photographiez au format RAW, vous pourriez être tenté de supprimer complètement cette teinte bleutée, mais cela risque de donner un effet peu naturel aux paysages enneigés. Personnellement, je travaille toujours en RAW. Ce format me donne plus de marge pour la retouche, sans sacrifier les détails. C’est particulièrement utile pour les paysages, qui présentent souvent une plage dynamique bien plus étendue, et cela me permet aussi d’ajuster la balance des blancs plus librement.
Si votre image tire vers le bleu, cela vient généralement de la neige qui reflète la couleur du ciel. Avec un bon ensoleillement, cet effet est réduit et vous obtiendrez plus facilement un blanc pur.
L’utilisation de la mesure pondérée centrale ou de la mesure spot peut également aider à mieux équilibrer neige et ombres, en fournissant une exposition plus fidèle à la lumière réelle. C’est d’autant plus essentiel en terrain enneigé, où les hautes lumières peuvent vite être surexposées.
En faisant du bracketing, vous vous assurez de conserver des détails à la fois dans les ombres et dans les zones très claires lors de la postproduction. Cela vous permet également de créer des images HDR plus détaillées. C’est une excellente façon de maximiser vos chances d’avoir des photos réussies et d’en supprimer beaucoup moins.

Réglages de base de l’appareil photo : f/11, faible sensibilité et vitesse d’obturation de 1/2000 s
L’heure de la journée, la lumière disponible et le sujet photographié détermineront les réglages les mieux adaptés à votre appareil photo.
Pour les paysages génériques, j’utilise une ouverture f/11, la sensibilité la plus basse possible, et j’adapte la vitesse d’obturation entre 1/400 s et 1/2000 s selon les conditions. Pour photographier des cascades, conservez une sensibilité et une ouverture similaires, mais réglez la vitesse d’obturation sur environ 1/30 s, ou même plusieurs secondes si besoin. Pour viser une vitesse inférieure à 1/30 s, j’utiliserais un filtre ND de 2 IL.
Pour la photographie de nuit, ouvrez le diaphragme au maximum, en particulier si vous souhaitez capturer une aurore boréale ou la Voie lactée. J’adapte la sensibilité à la lumière ambiante, en restant entre 1250 ISO et 3200 ISO la plupart du temps. Le temps de pose varie selon l’effet souhaité : de 1 à 20 secondes environ.
Pour la balance des blancs, je commence généralement en mode automatique et j’ajuste si le résultat ne correspond pas à ce que je perçois à l’œil nu. Si le rendu ne vous convient pas, essayez le mode « ensoleillé » et si vous recherchez une ambiance plus dramatique, le réglage « incandescent » peut parfois bien fonctionner. Pour définir la balance des blancs manuellement, 6500 K sont un bon point de départ : peaufinez ensuite pour coller à votre vision.
À noter qu’une scène blanche et enneigée peut compliquer la mise au point, notamment en autofocus, car l’appareil peut avoir du mal à verrouiller la mise au point. Il est souvent préférable d’effectuer la mise au point manuellement en ciblant une couleur contrastante, un rocher ou un bâtiment. Vous pouvez également utiliser la visée écran et effectuer un zoom avant dans l’image pour vérifier la précision de la mise au point.

Ayez une liste de contrôle pour la postproduction
Des images d’hiver réussies passent aussi par un traitement précis. Ma routine en postproduction :
- Ajuster l’exposition, le contraste et l’équilibre colorimétrique afin de restituer fidèlement l’éclat de la neige, la douceur du ciel et les ombres atténuées.
- Ajuster légèrement la courbe de contraste pour faire ressortir les scintillements.
- Augmenter la vibrance afin de corriger la lumière qui est souvent plate.
- Utiliser des masques de luminosité pour assombrir les zones de neige surexposées et révéler les détails dans les ombres.
- Éliminer les petites taches de poussière du capteur, souvent invisibles ailleurs, mais bien visibles sur la neige.
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